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De la peinture passons à la musique. La peinture et la musique parlent toutes deux à l’esprit, au cœur, à l’imagination, et se laissent toutes deux entraîner à des révolutions, par le mouvement et par la fièvre des idées qui agitent toute une nation et toute une époque.

L’Opéra avait exécuté deux chefs-d’œuvre de musique sous l’empire, la Vestale et Fernand Cortez. La scène de la révolte de Fernand Cortez, le final du second acte de la Vestale, bien exécutés, dans tous les temps exciteront l’enthousiasme. Mais sous la restauration, les grandes compositions ne manquèrent pas, et la renommée eut à proclamer le nom de plus d’un maître.

Sous la restauration, la musique s’inspira des élans religieux qui se produisirent au sein de la nouvelle société. La chapelle du roi, sous la direction de Cherubini et de Lesueur, comptait un grand nombre d’exécutants ; on y avait appelé l’élite des instrumentistes, les plus grands talents et les plus belles voix. Tous les dimanches, aux offices divins, et surtout à certains jours d’anniversaires, on y exécutait de nouvelles compositions de Cherubini pleines de sentiment et d’onction ; l’exécution était toujours excellente. On s’arrachait les billets de chapelle.

Sous la restauration, Cherubini fut membre de l’Institut, surintendant de la musique du roi, directeur du Conservatoire, chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’ordre de Saint-Michel.

Pendant ma direction de l’Opéra, j’ai fait représenter Ali Baba, opéra en trois actes, de Cherubini ; ce fut le dernier ouvrage qu’il écrivit pour le théâtre.

La maison de Cherubini était ouverte aux artistes,