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trouver de places à acheter, cherchèrent à s’introduire par la porte des acteurs, située alors au fond d’un long et obscur couloir ; repoussés par le concierge, ils veulent le séduire en lui offrant tous deux simultanément une pleine poignée de pièces d’or ; mais il y avait là des témoins : le portier maintint sa consigne et resta inexorable.

Une partie de la première galerie de face avait été convertie en loges découvertes pour la famille royale. À sept heures précises, le duc de Duras, premier gentilhomme de service, se présente seul dans la loge royale, et annonce : Le roi !

L’entrée du roi et de la famille royale excita dans toute la salle la plus vive émotion ; pendant un quart d’heure, ce n’étaient que des larmes et des cris frénétiques : Vire le roi ! Vive la famille royale ! Vive la duchesse d’Angouléme ! Les regards et l’intérêt s’attachaient surtout à cette princesse, dont la vue rappelait les souvenirs encore si récents du Temple.

Britannicus et les Héritiers, comédie de Duval : telle était la composition du spectacle.

La représentation de Britannicus fut souvent interrompue par des acclamations qui, sous le moindre prétexte, partaient de tous les points de la salle ; dans les entr’actes, les hommes agitaient leur chapeau, les femmes leur mouchoir.

Il faut renoncer à décrire l’enthousiasme qui éclata à la troisième scène du quatrième acte, au moment où Burrhus cherche à détourner Néron du meurtre de Britannicus :