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Il manquait le bruit du canon.
Vingt coups auraient pu nous suffire ;
Ça nous aurait égayés tous ;
Et v’là qu’pour nous mettre en délire,
Le canon a fait les cent coups.

Ces cent coups-là dans tout l’empire,
En mêm’temps vont se répéter ;
On écoute, à peine on respire,
On n’était là qu’pour bien compter.
Combien ce bruit-là dans la France
Va faire de plaisir à tous !
Et déjà, je le prédis d’avance,
L’Anglais va craindre les cent coups.

Je déjeunions avec ma femme,
Quand j’avons entendu c’bruit-là ?
J’me dis : « Qu’est-c’que c’est qu’on proclame ?
Puis, en comptant, j’me dis : « C’est ça !
C’est la naissance du roi de Rome ;
Allons, femm’, réjouissons-nous !
— T’as raison, qu’all’m’a dit, mon homme,
Faut aujourd’hui faire les cent coups ! »


Le 18 avril 1811, les Deux Edmond, deux actes, obtinrent un succès. La pièce resta au répertoire.

Elle était bien jouée par MM. Henri, Joly, madame Hervey et mademoiselle Rivière.

Le 2 septembre 1811, on joua sur le théâtre du Vaudeville les Dervis, arlequinade en un acte ; les auteurs demandés gardèrent l’anonyme. Cette pièce est le début de M. Scribe. Il avait pour collaborateur M. Delavigne (sans doute Germain).

« Les auteurs, dit Geoffroy, sont jeunes (M. Scribe n’avait que vingt ans) : ils ne connaissent pas la scène : quelques traits de leur ouvrage annoncent qu’ils peuvent faire mieux. Ce qui leur fait beaucoup d’honneur, et qui