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sique et de chimie ; on pouvait concourir trois années de suite. J’eus pour rivaux, la première année, MM. Andral et Bouillaud. J’ai trop de déférence pour ces médecins, que j’ai perdus de vue, mais qui ont enrichi la science de nombreux et utiles travaux, pour me plaindre ici, et à plus de trente ans de distance, qu’ils aient à eux deux accaparé toutes les couronnes ; mais ma leçon de chimie et de physique sur l’électricité me valut les éloges les mieux sentis de la part de M. Andral, et souvent la justice d’un concurrent vaut bien celle des juges. J’ai su, en outre, de M. Orfila lui-même, qu’il m’avait donné sa voix pour le premier prix de physique et de chimie. Je me persuadai, dès ce jour-là, que je comptais des ennemis puissants parmi les professeurs de l’école. Je ne me présentai plus aux concours suivants. De ce premier insuccès dans mes études, j’eus longtemps l’esprit abattu et le cœur découragé.

On peut encore se faire une position honorée, acquérir une espèce de fortune, en exerçant la médecine à Paris et en prenant le haut du pavé, moitié par son savoir, moitié par son savoir-faire.

Je recueillis avec réflexions et commentaires quelques curieuses observations, et je publiai un premier cahier sur les maladies des enfants nouveau-nés, sur le muguet, sur un abcès dans le thymus. À la naissance du comte de Paris, M. le duc d’Orléans, très-préoccupé de la santé de son premier-né, demandait au docteur Blache quel était le plus récent et le meilleur traité sur le muguet. Le docteur Blache est un singulier homme ; il ne perd jamais une occasion de faire valoir ses amis. Il