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Deux mentions honorables sont accordées à MM. Andrieux et Dupré.

Le grand prix pour gravure sur pierres fines a été décerné à M. Jeoffroy.

L’empereur, toujours à la recherche des hommes qui se distinguaient, faisait de profondes études du cœur humain et surtout des goûts, des habitudes, des faiblesses, des entraînements, des plis et replis du caractère français. Il se souciait peu de réformer les défauts du pays et les vices du temps ; mais il savait, en grand politique, exploiter les meilleurs sentiments, les élans généreux, les accès fébriles d’admiration, d’enthousiasme, du citoyen et du soldat.

Nous éprouvons en France, à un égal degré, deux besoins contraires : le besoin de la raillerie et le besoin de l’admiration.

Grands capitaines, gagnez des batailles ; nouveau Périclès, ornez la ville de statues qui nous fassent souvenir du ciseau de Phidias ; bâtissez de vastes et utiles monuments ; nouveau Véronôse, peignez les Noces de Cana ; Meyerbeer ou Rossini, écrivez Robert le Diable ou Guillaume Tell ; Talma ou Rachel, jouez la tragédie autrement et mieux que ceux qui vous précédèrent sur le théâtre ; soldat ou citoyen, risquez votre vie pour sauver celui qui va périr au milieu des flots ou des flammes ; saint Vincent de Paul ou sœur de charité, secourez et consolez de désespérantes misères et de mortelles douleurs ; chantez les tristesses du cœur humain comme Lamartine ; montez à la tribune et soyez probes et éloquents comme Cicéron ; montez dans la chaire et soyez évangéliques et grands comme Bossuet : gloires du