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la règle et la discipline. Il eût surtout honoré Bossuet, admiré ses vertus et sa grandeur. Bossuet aurait peut-être nui à la fortune du cardinal Maury et du cardinal Fesch.

L’empereur ne refusait au génie qu’une seule chose, la liberté.

Bans son discours de réception à l’Académie française, M. Thiers explique et justifie ainsi les entraves que Napoléon fit subir à la pensée humaine :

« Un gouvernement pacifique supporte ce que ne peut pas supporter un gouvernement illustré par la victoire. Pourquoi, messieurs ? parce que la liberté, possible aujourd’hui à la suite d’une révolution pacifique, ne l’était pas alors à la suite d’une révolution sanglante.

» Les hommes de ce temps avaient à se dire d’effrayantes vérités. Ils avaient versé le sang les uns des autres ; ils s’étaient réciproquement dépouillés ; quelques-uns avaient porté les armes contre leur patrie. Ils ne pouvaient être en présence avec la faculté de parler et d’écrire, sans s’adresser quelques reproches cruels. La liberté n’eût été pour eux qu’un échange d’affreuses récriminations.

» Messieurs, il est des temps où toutes choses peuvent se dire impunément, où l’on peut, sans danger, reprocher aux hommes publics d’avoir opprimé les vaincus, trahi leur pays, manqué à l’honneur ; c’est quand ils n’ont rien fait de pareil ; c’est quand ils n’ont ni opprimé les vaincus, ni trahi leur pays, ni manqué