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sommes pris pour le cigare ; le désir de jouissances nouvelles nous pousse aujourd’hui, hommes et femmes, à tous les ridicules et à tous les excès.

Mes prônes de vieux médecin ne guériront, ne convertiront sans doute personne, mais j’émettrai le vœu que Son Excellence le ministre du commerce, qui interroge si souvent l’Académie de médecine, la consultât officiellement sur les nombreuses questions d’alimentation et d’hygiène publique.


L’ART DE VIVRE LONGTEMPS.


Voltaire a dit avec raison dans les Adieux à la vie :


Dans leur dernière maladie
J’ai vu des gens de tous états,
Vieux évêques, vieux magistrats,
Vieux courtisans à l’agonie,


Voltaire était un profond observateur. Ce sont surtout les évêques, les vieux courtisans et les magistrats qui savent vieillir et ne mourir que dans un âge avancé.

Le secret moral de vivre longtemps, c’est surtout, en effet, de conserver religieusement, à compter de l’heure où commence la vieillesse, les mêmes habitudes d’esprit, de loisir ou de travail, et je dirai même d’affection, auxquelles on a déjà assoupli sa vie et sa santé.

On a remarqué qu’on vit longtemps à l’Académie française. C’est sans aucun doute parce que le régime littéraire, religieusement pratiqué, avec aisance et à petit bruit, peut se continuer dans l’âge le plus avancé. Le goût des lettres et les habitudes littéraires entretiennent la santé et font durer à petit feu le bois de la vie.