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demanderais que plusieurs médecins fussent aussi attachés aux diverses cités ouvrières.

Dans une visite matinale, ces médecins passeraient pour ainsi dire en revue tous les ouvriers vieux ou jeunes, et ces visites médicales seraient certainement fécondes en bons résultats ; quelques soins, conseillés et pris à temps, préviendraient souvent de graves maladies, les arrêteraient dans leur début, et pourraient ainsi soustraire plus d’un ouvrier à la vie des hôpitaux. Tel métier peut nuire à la santé individuelle d’un sujet ; tel autre métier serait moins nuisible : ce sont là autant d’avis utiles, de conseils hygiéniques que l’ouvrier recevrait du médecin des cités ouvrières. Le changement de métier est chose possible ; il y a beaucoup de métiers qui s’apprennent vite.

Les estomacs faibles, les digestions incomplètes, les gastralgies, sont rares dans la classe ouvrière. L’estomac de l’ouvrier se rit des aliments les plus grossiers, les plus rebelles à l’action de tout l’appareil digestif ; il se rit même des vins les plus frelatés, les plus falsifiés et les moins fortifiants.

Non-seulement on fait aujourd’hui produire aux vignobles plus qu’ils ne peuvent produire ; non-seulement on altère, on affaiblit le vin dès la cuve, et tant que dure la fabrication ; mais le vin fabriqué est encore affaibli, altéré, falsifié de nouveau. La falsification et la contrefaçon des produits les plus nécessaires à tous font chaque jour d’immenses progrès ; la répression de si dangereux abus doit préoccuper les économistes, les jurisconsultes, les médecins et nos hommes d’État.