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fait pour marcher, je veux dire pour de longues et pénibles marches. L’homme, suivant les climats, rencontre divers animaux nés pour le porter : l’éléphant, le chameau, le cheval, le mulet, l’âne. L’homme trouve, comme l’a dit Pascal, des chemins qui marchent : les rivières, les fleuves et les flots de la mer. Le pied de l’homme, formé d’os si nombreux et de toutes formes, tous unis par des articulations d’une plus ou moins grande surface, recouverts d’aponévroses très-résistantes et d’un tissu cellulaire très-serré, se déforme pourtant et se blesse par de trop longues marches, et les chaussures auxquelles il nous faut avoir recours changent même l’aspect et détruisent la mobilité des diverses parties du pied sur elles-mêmes. Les pieds de chameau où d’éléphant, le sabot du cheval, du mulet ou de l’âne, sont au contraire d’une organisation à résister aux aspérités du sol, aux cailloux, aux rocs les plus accidentés.

Les soucis imaginaires, les chagrins de l’esprit, n’habitent pas la mansarde de l’ouvrier ; après le travail, il a, comme dit La Fontaine, ses chansons et son somme.

Ce qui fait le plus défaut à la santé de l’ouvrier, ce sont, comme on l’a dit tant de fois, les logements salubres, et des soins répétés de propreté. C’est avec un profond sentiment d’humanité, c’est avec des vues hygiéniques d’une sage prévoyance, que le gouvernement actuel se préoccupe d’instituer des cités ouvrières et des bains à bon marché.

Plusieurs médecins sont attachés aux bureaux de bienfaisance des divers arrondissements de Paris : je