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VÉNUS EN RUT


dans l’art de surprendre était un coup de maître ; j’eus encore recours à mon amie ; je prétextai de goûter sa société au point de ne pouvoir m’en passer, et de vouloir travailler avec elle ; j’eus liberté entière, et j’en profitai.

Jusqu’ici je n’avais eu que deux amants, l’un agricole, l’autre bourgeois : une douce philosophie m’engageait à parcourir tous les rangs de la société, je crois avoir rempli mes vues. Un jeune robin m’aperçut au cours ; cette promenade décorée de fontaines chaudes et froides, plantée de quatre rangs d’arbres antiques et majestueux, bordée de maisons superbes, invite à y respirer, quand la chaleur du climat le permet. Mon agréable sénateur trouva, sans doute, ma tournure plus arrondie que les In-folio secs sur lesquels il feignait de s’appesantir ; il lui prit fantaisie de me feuilleter ; il me donna la préférence ; il aimait mieux le fait que le droit.

Je me promenais avec Aglaé, lorsqu’il saisit l’instant où je marchandais un bel œillet pour m’offrir un faisceau de fleurs, que la bouquetière destinait à une présidente. Ma vanité fut flattée d’enlever cette parure à la dame au mortier, et je fus sensible à la galanterie de celui que je nommerai Valrose : le bouquet et la certitude de ses sentiments, dont il me dit un mot, me décidèrent en sa faveur. Je pouvais être observée, il fallait le quitter malgré moi ; rendez-vous