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VÉNUS EN RUT


lui qui met au jour cette véridique histoire.

L’heure fatale arrivée, mon galant prieur voulut, en homme honnête, prendre congé ; mais, pour avoir trop écrit, l’encre était devenue rare. Il était couché entre Fanchette et moi : pour retrouver son héroïsme, il pria Fanchette de passer à ma gauche : alors me le mettant, un peu en petit maître, s’appuyant sur un bras, de la main droite il leva les cuisses de la coquine, et lui insinuant deux doigts, la manuélisa si bien, que le double spectacle qu’il avait sous les yeux lui rendit ses forces, et que je fus à peu près aussi bien servie qu’avant souper.

Tapefort fut s’habiller ; nous nous ajustâmes ; il envoya savoir s’il faisait jour chez moi, et s’il pouvait me rendre ses devoirs. Je répondis à l’hôtesse, qui s’était chargée de cette grave commission, avec une dignité modeste. Tapefort parut.

— Je vous quitte, belle dame ; j’espère vous retrouver à Lyon : parlez-moi sans détour. Je ne suis pas riche, mais je suis exact ; je m’en rapporte à vous : combien le colonel vous a-t-il offert ?

— Moi… que sais-je ?… est-ce que je prends garde à ses choses-là ? Il m’a donné cette bourse, je ne l’ai pas ouverte.

— Voyons, elle est galante, rose et argent… douze louis… la voilà, madame, faites-moi la