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les présences invisibles

vivre sans eux en attendant ? Nous ne le pouvons pas et qui sait si le Dieu jaloux ne condamne pas notre affection et ne nous punit pas en nous séparant, de nous être trop aimés ?

Vous que cette idée hante et désole, comprenez bien que Dieu ne nous blâme jamais d’aimer trop, mais seulement d’aimer mal, d’une façon égoïste, lâche et déréglée, en faisant passer nos intérêts ou notre agrément avant le bien de ceux que nous chérissons, en préférant leur chair périssable à leur âme immortelle. Dieu qui est amour (IJeaniv, 8 et 16) résume en ce commandement : « Tu aimeras » (Marcxii, 30, 31) toute la loi morale. L’amour n’est pas la passion charnelle ni la stupide idolâtrie ; c’est ce qu’il y a en nous de plus divin, l’essence même de notre vie.

Pourquoi essayer de vivre sans ceux que nos yeux ne voient plus ? Il faut croire qu’ils vivent et ne pas les chercher parmi les morts (Lucxxiv, 5), c’est-à-dire les considérer comme morts). Au lieu de nous lamenter sur leurs pauvres dépouilles, songeons à la lumière qui rayonnait dans leurs regards, qui souriait sur leur bouche, à la puissance mystérieuse qui leur ins-