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LES LARMES SILENCIEUSES

Ô larmes dans la nuit qui nous brûlent les yeux
Quand les heures s’en vont si lentes et si lourdes,
Et qu’on n’aperçoit plus les cieux,
Cachés par les ténèbres sourdes !

Sanglots désespérés qu’on étouffe de peur
D’entendre à travers l’ombre un appel sans réponse,
Accablante et morne stupeur
Où, las à mourir, on enfonce.

Souffrir et pleurer seul ces larmes dans la nuit,
Sang d’un cœur éperdu que la détresse broie,
Qu’un destin sinistre poursuit,
Et qui connut jadis la joie.

Le front penché, les mains jointes, je pense à vous
Qui sans cesse pleurez, ô foules innombrables !
Dieu puissant, qu’il me serait doux
De consoler ces misérables !