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les présences invisibles

table patrie et mieux compris que nous sommes des pèlerins ici-bas. C’est un avantage immense d’avoir une idée des biens d’en haut et du séjour qui nous est réservé… Parfois, ceux qui me tiennent compagnie et avec lesquels je me console sont ceux que je sais habiter déjà ce séjour. Je les regarde comme les vrais vivants[1]. »

Demeurer de cœur et de pensée auprès de nos bien-aimés invisibles nous instruit sur la valeur réelle des trésors passagers ; nos morts nous enseignent le secret de la vie.

On lit dans le cloître de Cimiez cette dure parole : « Mourir sans peine vaut bien de vivre sans plaisir », sagesse aussi amère que désenchantée, exhortation à mourir d’avance et de bon gré pour mourir plus aisément, car, dit sainte Thérèse : « Nul ne meurt bien s’il n’est déjà mort. » Cependant Dieu ne nous appelle pas à vivre sans bonheur, mais à échanger le plaisir incomplet et trouble d’un moment contre la joie parfaite.

  1. Vie de sainte Thérèse écrite par elle-même, chap. xxxiv et xxxvIII, p. 35, 37, 104 et 105 du 11e volume des Œuvres complètes de sainte Thérèse de Jésus, traduction nouvelle par les Carmélites du premier Monastère de Paris.