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Pierre et Jean avaient été l’un et l’autre les disciples et les compagnons du Christ vivant dans son corps mortel, et tout en le reconnaissant immédiatement comme leur Maître, ils ne s’étaient que bien lentement rendu compte de sa divinité. Paul, lui, est le disciple de Jésus ressuscité ; le Messie ne se révèle pas à lui sous l’humble aspect du charpentier galiléen ; il le foudroie par une vision de gloire, une lumière si éclatante et si terrible que le futur apôtre en demeure ébloui pendant plusieurs jours, que lui et ses compagnons tombent à la renverse… Mais quel est l’appel, la parole miséricordieuse et sévère de cette apparition : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? (Act.}}, ix, 4.)

Le Rédempteur a quitté la terre ; il règne dans la splendeur divine, infiniment au-dessus de nos misères. Mais il n’est devenu ni insensible à nos détresses, ni invulnérable à nos blessures. Les coups qui frappent les siens, l’atteignent ; lorsque le juste souffre à cause de la justice, que l’amour de Dieu saigne dans la personne des petits, des faibles, dés misérables, Jésus crie aux bourreaux aveugles et insensés : « Pourquoi me persécutez-vous ! » N’a-t-il pas dit : « Toutes les