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vives, spirituelles et enjouées, les querelles reli- gieuses, l’esmulation ardente des talens littéraires, tout contribuoit à donner une vigoureuse poussée de sève, à apporter un superbe levain de fermentation dans les âmes d’eslite de ce siècle naissant. Victor Brodeau pou voit doncques respondre à Marot avec plus de sens rassis et d’aisance, ce qu’il fit dans les termes suyvants qui monstrent en luy des sentimens de progressiste et d’utilitaire (mots ignorés alors).

Au bon vieux temps, que TAipour par bouquets

Se demenoit, et par joyeux caquets,

La femme estoit trop forte ou trop peu fine ;

Le temps depuis qui tout fine et affine,

Luy a monstre à faire ses acquêts.

Lors les Seigneurs estoient petits nacquets ; D’aulx et oignons se faisoient les bouquets, Et n’estoit bruit de ruer en cuisine, Au bon vieux temps.

Dames aux huys n’avoient clefz ne loquets ; Leur garde-robe estoit petits paquets De canevas ou de grosse étamine : Or, dyamants, on laissoit en leur mine, Et les couleurs porter aux perroquets, Au bon vieux temps.

D’ailleurs, les vrays « guallants d’antan » et le « train d’amour » alloient renaistre nombreux et plus gaillards que jamais. Nourrissons des muses et raf- finés d’honneur estoient prests à rimer et à s’entre