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Iehan ! lehan ! tu m’as esconiurèe et évocquée lorsque l’heure des sagesses estoyt venue pour toy et que, sevré de passions, tu viyoys comme Adamus devant que Dieuneprist sur lui la coste surnumerayre quidevoyt créer Eva la perfyde. Malheur à toy, lehan ! qui as doublé de la sapience et qui n’as cogneu ton heur… le suis le mal désolateur, tempestueux et soubriant, le parangon de vice duquel parle ton sainct Patron lehan l’Évangeliste, portant la robe pourprée, estoffèe d’or et de precieulses pierres, estendue sur la beste à sept testes, tenant en la main coupe pleine d’im- mondices en laquelle boy vent falhtement tous grands pescheurs d’icy-bas… Tu m’as évocquée, lehan… Le prophète Elie m’a mauldite ; le suis ange à l’esglise, dyable en la maison, singe au lict ; ie te bailleray la ieunesse et l’amour et te ferai cheoir en l’enfer des damnés… — le suis le feu, tu es estoupe, ie suis dyable qui souffle… lehan, tu es à moy…, escoute…


Manigarole n’escoutoit mye ; en la vue de ce corps nud si degourd, il esprouva grande appétence de vie, sentent sous son chief fluer ung sang ieune, ardent comme ignicion d’amour ; son cueur féru soudainement par cette lumière de chaulde beaulté sadinette sautilloyt comme ung escrimour, il estoyt pleing d’uberté, gay comme Perot et ne songeoit pas à gourmer cettuy succube à coups de bréviaire, car prez de si frisques et succulentes formes charnelles