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— Un psychologue ne contestera pas qu’il y ait un abîme entre les femmes qu’on aime parce qu’elles plaisent et celles qui plaisent parce qu’on les aime.

— Le joli dilemme plein de sagacité que celui-ci, exposé par l’écrivain anglais Leighton :

— Que dois-je faire pour aimer ? — Crois !

— Que dois-je faire pour croire ? — Aime !

— La femme est bohème de nature. Guidée par le caprice et la folie, elle ne saurait reconnaître des lois ou des frontières ; dans cette humanité froide et guindée, elle se laisse peu à peu envahir par les pré- jugés, quitte à s’en affranchir avec plus de noblesse et d’indépendance que l’homme, lorsque son cœur veut de libres horizons. Les devoirs qui s’imposent à son âme la retiennent davantage que les raisons sociales ; son imagination, chaude et débordante, la fait grelotter dans le terre à terre de cette vie, où tant de désirs étriqués la convoitent, où si peu de mâles la veulent entièrement avec le scepticisme de l’impossible. De quoi s’étonne-t-on de voir tant de fronts féminins voilés de mélancolie, marqués de