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suader qu’il estoy t attaqué aux sources de vie ; son crasne blanchissoy t, il despérissoy t et se desseschoyt, semblant ung squelette à peine vestu de peau; ung feu ardent le consumoyt dans sa maigre té, et il ne cessoyt de se douloir sur sa vieillesse anticipée qui flestrissoyt en leur fleur ses mignardises de masle iadis si plein d’esiouissance. Il prenoyt plaisir à se ramentevoir ses folles adventures et ses; forfaicts anciens. Sans les chauldes entrelassures, les accoin- tances d’amour, avec transports et ruades tempes- tueuses, la vie lui paroissoyt comme ung monde désorbité roulant dans le noir néant, privé des bai- sers du rutilant Phœbus, et il geignoyt, songeant à se destruire, puisqu’estant si fort desvotieux de dame Vénus, plus ne pouvoyt approucher de ses autels si gentement achailandés. — Rien ne le pouvoyt sereiner.

Certain jour il se print à lire et estudier les deux livres De la hayne de Sathan et malings esprits contre l’homme, du resvérend Grespet, et ce fut là grave mescheance pour le paouvreteux. Il s’estomira fort de n’avoir point songié plus tost aux sortylèges et dya- bolicitez de cettuy monde et dès lors se mugnit de toutes œuvres traictant De Demonialitate. — « Ça, amy, dict-il, se parlant à soy-mesme, esbaudis-toi de ton oultre-cuydance, petite beste vit encore et ne peut estre qu’endormie; souventes fois messire Belzébuth est abuseur d’homme et iette ses maléfices