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elle se donne en. sentant reposer son cœur dans un amour sain et partagé, de ce jour elle met bas les armes et redevient l’ingénue la plus tendre, l’amie la plus dévouée, la femme la plus heureuse de la création. — Paris, ce foyer de vices, est surtout le sanctuaire des plus hautes vertus cachées ; les honnêtes femmes y forment la majorité ; une majorité muette qui ne s’affiche pas et tient à ne pas éveiller l’attention. Le haut du trottoir appartient aux filles et aux charlatans de tout ordre : tous les ambitieux, tous les affamés, tous les petits cuistres sans talent y paradent comme des loups cherchant pâture ; ceux-ci veulent la réclame, ceux-là sont à l’affût d’une affaire à détrousser, d’autres apparaissent pour ne pas se laisser oublier ; tout ce qui n’a vestige de valeur ou de dignité, d’intérieur ou de famille, d’idée ou de philosophie, descend à la rue et y mène grand bruit. Les sages, les heureux, les honnêtes, les méprisants, les travailleurs et les savants se dissimulent et contribuent à la gloire du vrai Paris ; ils ne figurent point dans les gazettes et sont exempts des prostitutions de la publicité ; ainsi les honnêtes femmes demeurent-elles silencieuses dans la paix du foyer et pour une Parisienne qui agite le tam-tam du scandale, cent autres demeurent chez elles à la plaindre, souvent à l’excuser.

— Gérard Fontenac, renversé sur un divan, se laissait aller à cette causerie familière et heurtée,