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juvéniles et sème à profusion les fleurs rares si tôt fanées sur l’autel de notre bonheur, l’âme, cette essence des affinés, l’âme, cet officiant divin qui chante en tierce dans nos ivresses un Te Deum au Grand-Tout, l’âme apparaît peu dans le rut brutal et fugitif des accointances champêtres.

L’Adolescent se dégauchit vite — sans qu’il ressente l’époque de la mue — dans la sauvagerie des champs ; ses yeux ont tôt appris à lire et à interpréter les lois de la nature ; il connaît, avant l’âge de formation, l’amour des êtres, ou mieux, la relation des sexes. Tout jeunet, au retour de l’école, son panier au bras, le long des haies vives, dans le calme troublant du crépuscule, il a vu le paysan cupide, ramenant, satisfait, de la ferme voisine, sa vache efflanquée, qui, le matin même, demandait le taureau, et, maintenant calme, fait résonner mollement son sabot sur les cailloux du chemin ; il a surpris les ébats amoureux des oiseaux se poursuivant dans les taillis, et son regard malin, perspicace et fureteur, ce regard développé à l’extrême a tout compris, tout supputé, dans sa logique impitoyable dont rien n’est venu fausser la droiture et le naturel développement. — Près des fillettes, il a garçonne dans l’ignorance des décences convenues et des pudeurs inoculées par la délicatesse des mères, aussi le jeune gars montre-t-il moins de curiosité ayant moins de mystères à pénétrer, car l’esprit de l’enfant aime despotiquement à