Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien relayée, marchait un train d’enfer ; on entendait dans la rotonde les rires et les chansons des comédiens qui paraissaient habitués à passer gaiement leurs pérégrinations. Sur la banquette, l’un des soldats soufflait jusqu’à épuisement dans une trompette. La seconde dînèe fut plus calme que la veille, chacun paraissait fatigué, on sentait un désir d’arriver et de tuer le temps qui gagnait les plus philosophes. Aussi se coucha-t-on de bonne heure. Seul, Florval désirait intérieurement que le voyage durât huit jours ; il redoutait le dénouement de son roman qui, sans être dans l’extraordinaire, ne lui en avait pas moins féru le cœur à l’extrême. — Après leur arrivée à Paris, pourrait-il revoir ses deux voisines ?… le hasard ne viendrait-il pas les séparer brusquement sans qu’il restât autre chose en son cœur qu’un souvenir tendre et parfumé, rose desséchée cueillie au passage et dont la fraîcheur s’est évaporée ? Les jours se succédèrent trop rapidement ; au Mans, on laissa Mondor et sa troupe ; à Chartres, les deux troupiers descendirent apprendre la légende de Marceau ; plus on approchait, plus la tristesse gagnait Florval et Juliette que chaque heure de diligence avait unis et resserrés plus intimement ; la vieille Mmo d’Irly témoignait elle-même très franchement son chagrin, mais Florval affirmait que l’on se reverrait et qu’il irait au plus tôt s’enquérir des nouvelles et de la santé de ses aimables compagnons