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ses pensées, ses projets, ses rêves, l’associant déjà à sa vie future ; elle, la pauvre petite toute rouge, surprise d’un langage si inconnu jusqu’alors et qui la remuait jusqu’au plus profond de ses sens, se livrait peu* à peu avec confiance et montrait ingénument des tendresses depuis si longtemps refoulées par l’isolement et les larmes.

Elle avoua que grand’maman la conduisait à Paris dans l’espoir de mettre de la gaieté dans sa tête assombrie et aussi dans le but de compléter son éducation et de prendre parti pour son avenir. Leurs ressources étaient faibles ; après la mort de son père, elles avaient défendu de leur mieux les épaves d’une fortune qui fut pour elles, autrefois, l’aisance ; mais économe et laborieuse, elle envisageait sans crainte la situation qui leur était faite ; pourvu que grand’mère ne se privât de rien, la vie lui semblerait toujours assez luxueuse.

Florval était ravi ; en dépit de ses vingt-cinq ans, il se sentait gamin, rajeuni par le sentiment, à côté de cette enfant croyante, sincère, dévouée, neuve de cœur et initiable à tous les plaisirs. Sa pauvreté… était un attrait de plus ; il songeait à ce proverbe indien : « La femme, c’est la maison… ; la femme, c’est la fortune. » N’avait-il pas la richesse, la jeunesse, la santé, l’intelligence pour la sauver des labeurs et des froissements de l’existence !

La journée se passa sans événements ; la diligence,