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Préface

aussi bien par l’orthographe que par l’allure générale du style et le sentiment des idées courantes. — J’ai rêvé de grouper en un même point l’art de concevoir, de traduire et d’imprimer une pensée à diverses dates et dans certains milieux de notre histoire littéraire et morale ; j’ai également apporté tous mes soins à l’illustration de chaque début de chapitre, espérant donner la sensation visuelle des frontispices de jadis, et faire à la fois l’éducation artistique, philologique et physiologique des quelques lecteurs qui aimeront à s’égarer dans ce panorama descriptif de nos mœurs nationales.

Le plan, on le voit, était largement conçu et bien fait pour amorcer le chef-d’œuvre. Il avait le grand mérite de se produire en dehors du poncif et du banal, sous une forme entièrement personnelle et des plus caractéristiques. En ai-je réalisé l’exécution de manière à me satisfaire plus tard, lorsque, les fourneaux éteints, je pourrai goûter à cet auto-ragoût qui ne peut s’apprécier qu’à froid ? — Ai-je prodigué suffisamment les épices et les condiments, les herbages et les aromates ? Je ne sais. — Il se trouvera sans doute bientôt quelque gourmet assez sincère pour me renseigner, en toute liberté d’expression, sur cette olla podrida qui a mitonné si longtemps, tour à tour sous le feu clair des ardeurs du lettré, ainsi que sous les flammes languissantes des désillusions, des désespérances et des lassitudes.