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efforts des « filles de modes », le miracle avoit lieu. La divine étoit prête pour la seconde toilette de cé- rémonie qui lui servoit d’audience.

Ce n’étoit plus maintenant qu’un jeu pour la coquetterie. Astarté sortoit du mystère et venoit étudier ses grâces, ses gentillesses, ses grimaces de joli babouin devant un miroir. A ce moment on ne se contemple plus, on s’admire, on se chatouille du regard, on constate la friponnerie de l’œil, l’espiè- glerie du sourire, les langueurs ondoyantes du cou, les palpitations émues du corsage, on confie sa che- velure déjà desmelée dans l’étuve, parfumée et lus- trée, au coiffeur, cet insolent nouvelliste, gazettier de la première heure, tout aux petits services de l’infante. Les boucles semblent naître sous sa main légère, le chef-d’œuvre capillaire prend forme, s’é- tage et s’harmonise au visage ; mais déjà un petit abbé arrive, sautillant, papillotant, porteur de mille anecdotes de la veille, plein d’attentions et de petits soins frivoles, remuant les sièges, ne tenant pas en place. — Les galants se succèdent : voici le Chevalier, le Comte, le Marquis ; Lizette, la camériére, toute chiffonnée, ne sait auquel entendre. — La coquette est sous les armes, dans le vaporeux de son négligé ; le peignoir se dérange comme par mégarde, mon- trant la nudité exquise d’une jambe au-dessus de la jarretière ; une mule de drap d’argent, qui vole au loin en une crise d’impatience, laisse voir un pied