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Voici donc la Caillette conduite au premier plan de la scène ; on la voit, on la contourne du regard, on la palpe même dans sa morbidesse toute harna- chée de grâces, avec ses lèvres souriantes, ses assas- sines au coin de l’œil, ses joues peintes comme les roues d’un carrosse et ses petits bâillements sac- cadés qui dénotent l’ennui fade dans lequel elle ôe meut. Il me faut montrer cependant la galante per- fide, la rouée divine, cette princesse Lumineuse qui semble se nourrir d’un coulis d’œufs de colibri, cette petite-maîtresse maniérée et minaudière par étude, à l’heure où elle fait l’essai de ses charmes parmi l’assemblée bruissante de ses soupirants.

Une jolie femme de bon ton avoit régulièrement chaque matin deux toilettes. L’une au sortir du lit ou peu après le court demi-sommeil sur la délas- sante, —celle-ci, pleine de mystère et soigneusement interdite à l’indiscrétion, est telle que nous l’a fri- ponnement reproduite Baudouin en une estampe connue. — Elle se passoit dans le huis clos, parmi l’activité des soubrettes préparant le bain, les lo- tions, les cosmétiques, les essences, les pommades, les huiles, les vinaigres, les poudres, les savonnettesi les rouges, les mouches, les sachets, le fard, le lait virginal, les corsets piqués avec les fines herbes de Montpellier et tous les opiats qu’Esculape met au service de Psyché. Ici l’art avoit à dompter la na- ture, l’embellis soit, la surpassoit en corrigeant ses