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ser le dernier tendre, en dissertant psychologique- ment de leur mieux derrière l’esventail ou Zèphir ».

Aussy falloit-il voir les galants fieffés, les Mou- rants, les espiègles amoureux, apporter un tact extrême pour laisser poindre leur flamme ou faire esclore une déclaration. C’estoit à qui, dans cet art, feroit le mieux pic, repic et capot, tout ce qu’il y avoit de plus galant dans Paris : et mesme pour les damoiselles qui estoient de petite vertu, les souspi- rants mettoient esgale discrétion en leurs discours. Il suffit de lire les poëtes du temps pour sentir toutes les petites manières languissantes qu’on apportoit aux bagatelles du cœur ; tous leurs madrigaux ne peignent le plus souvent qu’un amour de convention, à fleur de peau, une flamme d’imagination qui nous représente l’amour comme le passe-temps favory de la Cour et de la Ville, sans que l’espérance d’un but à atteindre, d’une possession à entrevoir y entrast pour quelque chose.

Le modèle de ces déclarations alambiquées se trouve dans un sonnet inconnu de l’abbé Esprit. Il est impossible d’estre plus délicat, plus contourné sur la matière. Je ne sçache pas d’autre madrigal plus typique :

Je voudrois bien, Philis… Ah ! fâcheuse contrainte, Qui m’oblige à cacher tous les vœux que je fais ! Éloignez-vous de moi, pudeur, respect et crainte ; Laissez-moi librement exprimer mes souhaits !