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pouvoir occulte et la puissance mesme. Mélissandre se convainquit de son génie, elle y engonça sa va- nité, et bien que son libraire se désespérast de l’in- différence publique à l’égard de ses livres, qui restoient à la boutique comme des malades qui gar- dent la chambre, elle en vint à concevoir l’idée d’estre la maistresse, sinon la régénératrice des lettres, et establit un recueil où les esprits graves purent traicter chasque mois, sous son inspiration, des questions palpitantes politico-religieuses ou de doctes études pédagogiques, voire d’histoire rétrospective sous des titres aussi précieux que : De la manutention chez les Assyriens ou encore : Pons-Pilate, et sa famille d’après des documents entièrement inédits.

Mélissandre, dans ce siècle, pust donc atteindre plus haut dans le domaine du ridicule que Damo- phile en son temps. Tapageuse à l’extresme, causant plus spécialement de tout ce qu’elle ignore et igno- rante de tout ce qu’elle a appris, Mélissandre, la Précieuse, promène partout avec superbe son en- combrante nullité. Il n’est Question dont elle ne s’occupe et sur laquelle elle ne veuille presdominer : art, littérature, musique, économie politique, théâ- tre, sociologie, technologie, voyages, arbitrages, religion, tout lui semble bon, toujours elle respond : Me voicy. r— Elle s’advouera progressiste et utili- taire, parlera de la politique normale des Peuples, et fera à ce sujet un pathos à faire mourir de honte le