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quelque pauvre philosophe en détresse, derviche plaintif et hurleur, lance désespérément par intervalle ce cry attristé et monotone : 0 temps ! 0 mœurs ! — siècle pervers, Océan d’iniquité !

Les vices ne peuvent s’estendre, car ils tournent dan^ un cercle borné comme des chacals dans une arène ; les vertus ne peuvent dominer, car elles ai- ment l’ombre et le silence : la plus grande des vertus chrétiennes estant l’humilité. — Cessons de nous plaindre et gardons-nous d’escouter l’écho de notre voix dans le désert de l’indifférence publique. Les moralistes frappent les individualités et n’entament point la foule ; les portraicts ne sont appréciés que dans l’intimité et la réflexion solitaire, tandis que la ressemblance est laschement reniée vis-à-vis de l’original. Ce Temps où vous vivez, ce siècle dix- neuvième vaut le mien, bien que la marée humaine se soit retirée des hauteurs et forme un niveau plus bas, laissant voir plus de fange. La Précieuse ridi- cule s’y montre honorée à l’esgal de la sottise dans la médiocrité et la petitesse générale. Escoutez :

« Une Précieuse bien conneue, c’est Mélissandre ; Damophile revist en elle avec ses outrecuydances de faux sçavoir et un ton de mauvaise compagnie qui n’existoit point autrefois et dont le goust du jour prestend faire le bon ton. — Ne tient-il qu’à dire que