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tournés, accentués de poinctes ironiques qui estoient comme autant de « fossettes » spirituelles dans ces ingénieux croquis à la plume, La pluspart visoient les Dames de Cour ou les bourgeoises en relief : dans les généralités, on peignit plus spécialement la coquette, la bigotte, l’esconome, la joueuse, la plaideuse et surtout la Précieuse.

C’est à celle-ci que revient de droit ce chapitre, car, dans la société polie du grand siècle, la Précieuse véritable représente le type le plus accomply de la femme simple, ennemie du bel esprit de profession, pleine de bon sens et d’indulgence, délicate anatomiste du cœur humain, modeste à Textresme et dont Mlle  de Scudéry, dans Cyrus, nous a peint le caractère agréable sous le nom de Sapho, opposé à la fausse Précieuse, à la pédante sous la physionomie de Damophile ; — voyons le portraict de Sapho :

« Sapho… s’est donné la peine de s’instruire de tout ce qui est digne de curiosité. Elle sçait de plus jouer de la lyre et chanter ; elle dance aussi de fort bonne grâce, et elle a mesme voulu sçavoir faire tous les ouvrages où les femmes qui n’ont pas l’esprit aussi élevé qu’elle s’occupent quelquefois pour se disvertir. Mais, ce qu’il y a d’admirable, c’est que cette personne qui sçait tant de choses différentes, les sçait sans faire la sçavante, sans en avoir aucun orgueil, et sans mespriser celles qui ne les sçavent pas. En effet, sa conversation est si naturelle, si