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Contraire objet de foy, parjure et variable,

Que celuy qui te croit est pauvre et misérable !

Je t’ay cru toutefois, aussy tu m’as fait voir

Combien ton naturel est propre à décevoir.

Mais, las ! qui ne t’eust cru ? cette aspre violence,

Ces sermens, ces propos, tout vrais en apparence,

Tout enflammés d’amour, tout chauds d’affection,

Ces reguards desrobés, bruslants de passion,

Ces doulx languissements, ces mignardes caresses,

Ces larmes, ces propos et ces longues promesses,

Ëstoient-ce les tesmoins d’une légère foy, *

Et qu’on favorisât les aultres comme moy ?

Ah ! traistre et lasche cueur ! de quel masque hypocrite

As-tu sceu desguiser ta volonté maudite,

Sans que, par mon amour ny par ma fermeté,

J’aye pu retenir tant d’infidélité ?

Las ! je crois que les dieux ardamment courroucez, Un jour que les humains les avoient offensez, Firent naistre icy bas, pour punir leur audace Et pour les travailler, la féminine race, Ainsy que les serpents, les tigres et les loups, Aux mortels mille fois plus courtois et plus doulx ; Et comme on voit sortir parmi les bonnes plantes Des chardons inutiles et des herbes meschantes.

Mais il nous faut arrester le cours de cette disser- tation bavarde sur cette gentille Mie du poète au xvie siècle. Dans notre Galerie de Souveraines à tra- vers les siècles, la maistresse inspiratrice de notre Parnasse méritoit un large médaillon ; nous avons tenté de l’esquisser en l’entourant de toutes les légendes poétiques puisées aux sources les plus di-