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LETTRE CINQUIÈME


laisser voir ; mais je m’imaginais, à voir les traits un peu anguleux de sa physionomie, ses doigts effilés, ses pieds étroits et allongés, je m’imaginais, dis-je, que la crinoline faisait en grande partie les frais du domaine que mon oncle a seul le droit de parcourir de minuit à neuf heures du matin ; je dis seul, parce que j’ai une idée très-haute de la sagesse de ma tante ; eh bien ! ma chère amie, j’étais dans une erreur profonde, et mon oncle, qui, du reste, adore sa femme, est un mortel infiniment plus fortuné que je ne me le persuadais. C’est, en vérité, une statue de Praxitèle ou de Pradier qui partage son lit !

Ma pauvre tante, ne se doutant guère qu’un œil indiscret était braqué sur elle, procédait aux soins de sa toilette de nuit avec un abandon, un laisser-aller que légitimait la complète solitude dont elle croyait jouir.

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