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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


voir. La douleur mêlée de plaisir qu’elle ressentais lui servait d’aiguillon ; son ardeur excitait, ranimait la mienne ; enfin, grâce surtout à l’emploi du cold-cream, je surmontai toutes les difficultés, je franchis tous les obstacles.

Pénétrée comme je l’étais de mon rôle, je n’avais plus rien de mon sexe ; les souffrances que j’infligeais à Jeanne, ses plaintes, les étreintes désespérées par lesquelles elle s’efforçait d’abréger son martyre, tout cela, loin de m’apitoyer, éveillait en moi d’indéfinissables sensations de jouissance bizarre et d’âcre volupté.

Ah ! je comprends maintenant pourquoi les hommes attachent tant de prix à une conquête dont ils sont d’autant plus glorieux qu’elle a causé plus de douleur !

Que te dirai-je de plus, ma chère petite ; j’ai atteint mon but, je suis satisfaite : le marin peut arriver quand il voudra, la