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LETTRE TRENTE-CINQUIÈME


ment à animer, que je décidais si difficilement à une réciprocité longtemps implorée, dès qu’elle sut, ou plutôt dès qu’elle devina l’usage du joyau que j’osais à peine exposer à sa vue, se montra héroïquement décidée à tenter l’aventure ; les risques à courir ne l’épouvantaient pas ; au contraire, le danger semblait l’attirer, avoir des charmes pour elle.

Je n’hésitai pas plus longtemps, tu penses ; je me transformai à l’instant en amant passionné et, ton oncle aidant, je me présentai vaillamment dans l’arène, armée de toutes pièces. Je te l’avouerai pourtant, mon inexpérience dans ce genre de combat me nuisit beaucoup lors des premières escarmouches, et si Jeanne eût opposé la moindre résistance, il m’eût sans doute été impossible de mener à bonne fin une œuvre si témérairement entreprise ; mais loin d’entraver mon élan, elle le secondait de tout son pou-