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LETTRE TRENTE-TROISIÈME


drais à cueillir la fleur que mon corsaire couve du regard, et vers laquelle il étend déjà la main.

Comprends-tu quel bon tour à lui jouer ? Entre ennemis, cela se fait ; on brûle ce qu’on ne peut emporter : c’est de bonne guerre.

Oui, mais les oncles ne courent pas les rues ; comment s’en procurer un ? Et puis les scrupules de Jeanne, à l’aspect d’un si étrange complice, comment les lever ?

À ces questions, pas de réponse.

Ah ! si nous vivions encore sous le régime des dieux de l’Olympe, dès ce soir j’adresserais une fervente prière à Vénus ; la complaisante déesse ne me refuserait certainement pas de changer mon sexe, et Jeanne serait alors bien complétement à moi.

Je ferme ma lettre, car je vois d’ici se lever tes jolies épaules à toutes mes divagations.