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LETTRE TRENTIÈME


expliquer Lucien, qui ne me parlait de rien ; je voulais savoir quelle conduite il tiendrait à l’arrivée de mon oncle.

Après avoir éludé longtemps une réponse nette et catégorique, comme je le pressais vivement, il a fini par me dire froidement qu’il n’était pas libre, sans vouloir répondre autrement à toutes les questions que je lui adressais. Impossible de lui arracher autre chose que cette réponse ; puis il m’a déclaré que, ne voulant pas nuire à l’union qu’on me préparait, il se proposait de nous faire ses adieux le jour même.

Mes larmes, mes supplications n’ont pu changer sa résolution. Il est parti !

Ah ! ma chère Albertine, je ne le reverrai peut-être jamais ! Et moi qui l’aime tant ! Pourquoi me quitte-t-il ainsi ?

J’ai passé une nuit affreuse. Je mordais mon oreiller, afin d’étouffer mes sanglots. Je n’ai pas voulu descendre déjeuner ce

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