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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


le temps à profit et l’employer à déniaiser sa charmante future.

Dans l’état d’innocence primitive où elle est à présent, ce serait un véritable meurtre de la jeter en pâture à ce corsaire brutal et malappris, qu’elle a vu à peine trois ou quatre fois, et qui a le double de son âge.

Tu approuveras, je pense, chère petite, le motif qui me fait agir, et tu rendras justice à la pureté de mes intentions.

Tu le sais, à cette heure je suis toute-puissante dans le pensionnat ; monsieur m’ayant remis ses pleins pouvoirs, j’agis absolument en dame et maîtresse du lieu. Dès le lendemain de l’arrivée de Jeanne, sous prétexte que, vu sa position exceptionnelle, elle ne pouvait coucher dans le dortoir commun, j’ai fait disposer à son intention le grand cabinet attenant à ma chambre, et l’y ai installée ; de cette manière, je ne suis séparée d’elle que par une porte vitrée,