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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE

Figure-toi que mon oncle a été, ce mois-ci, nommé colonel d’un régiment en Algérie, et qu’avant de partir, il a fait à ma tante la surprise d’une charmante maison de campagne, où elle doit passer le temps de son veuvage, — deux ou trois mois au plus, et quel veuvage !… Ce bon oncle nous a expressément ordonné de recevoir beaucoup de monde et de nous amuser le plus possible.

Je te laisse à penser si nous suivons à la lettre les recommandations d’un si aimable tyran !

Aussi, depuis quinze jours, je n’ai pas une minute à moi : des toilettes à acheter, des robes à essayer, mille emplettes à faire, ma tante à accompagner dans toutes ses visites ; dire adieu à ceux-ci, inviter ceux-là à nous venir voir cet été ; ajoute à cela les préparatifs du départ de mon oncle, et tu verras s’il m’est resté beaucoup de temps pour écrire à ma chère Albertine.