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LETTRE DIX-NEUVIÈME


J’étais au mieux avec une de leurs amies
Qui les savait par cœur, ces belles endormies.
Vous voyez, mon esprit fait des économies,
Je n’imagine rien ; j’avais un avant-goût
De ce qui se passa pendant cette nuit d’août.

Pour m’assurer comment l’une ou l’autre était faite,
Je n’avais nul besoin de ruse, de cachette,
Car je les connaissais comme si, chaque soir,
J’eusse de leur épaule enlevé le peignoir ;
Je savais leur histoire, authentique, secrète,
Et, si vous y tenez, vous allez la savoir.

Je m’en vais vous transmettre, exempt de broderie,
Le récit primitif ; intègre historien,
Mon texte m’est sacré, je n’y veux changer rien.
Donc, ces dames vivaient sans trop de pruderie,
Ne manquaient point d’amants, et la galanterie
Était, en résumé, le plus clair de leur bien.

Du reste, point d’éclat, d’excellentes bourgeoises
Tenant sur un bon pied une honnête maison,
Où l’on s’interdisait les paroles grivoises,
Où l’on était reçu d’agréable façon,
Les maîtresses étant femmes du meilleur ton,
Sachant au mieux leur monde, aimables et courtoises.