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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


la charmille protectrice, qui m’abrite et me permet de saisir au vol des bribes de ce que lisait Lucien.

C’étaient des vers ; dits à mi-voix, ils ne m’arrivaient pas assez distincts pour me permettre d’en saisir le sens ; j’en aurais donc été pour mes frais, sans le plus heureux des hasards.

La lecture finie, le cénacle se met à délibérer, formé en cercle au bout de l’allée ; Lucien, actionné à recueillir les avis et les compliments des auditeurs, remet ou plutôt croit remettre son manuscrit dans sa poche ; par une éclaircie de la charmille, je vois le papier glisser, tomber à terre ; personne ne s’en aperçoit ; toujours argumentant, nos causeurs s’éloignent, ils disparaissent à un détour ; je m’élance comme une panthère sur sa proie, je saisis l’objet de ma convoitise, je le cache, et m’enfuis dans ma chambre, j’allais presque dire dans ma ta-