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berg ; le contraire m’étonnerait beaucoup. » Voici précisément le « hic ».

Pourquoi les faits se passent-ils ainsi ? C’est là l’énigme ! Nous parlons toujours de lettres qui, « se croisent », et nous considérons ce fait comme un accident ordinaire de la vie ; mais en l’appelant « accident » nous faisons une erreur grossière. Certainement, nous avons douze fois par an le pressentiment que la lettre que nous écrivons « croisera » la réponse que nous destine la même personne ; et si le lecteur veut bien fouiller dans sa mémoire, il reconnaîtra que cette intuition a eu souvent assez de force pour l’amener à n’écrire qu’un simple billet laconique parce qu’il préférait ne pas perdre son temps à rédiger une épître qui devait se croiser avec la réponse attendue.

Je crois que, pour ma part, cette intuition m’est venue lorsque dans certains cas j’avais remis une lettre au lendemain avec l’espoir que mon correspondant m’écrirait.

Pour en revenir à ma première histoire : j’avais attendu cinq ou six semaines ; puis j’écrivis trois lignes à Millet, pressentant qu’une lettre de lui croiserait la mienne. C’est ce qui advint. Il écrivit le même jour que moi, et nos lettres se croisèrent. La sienne alla à Berlin, adressée au ministre d’Amé-