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ciel de toutes ses bénédictions, avec peut-être plus de gratitude qu’elles n’en valaient la peine, puis il dépouillait ses soyeuses splendeurs ou sa ferblanterie dorée, et s’introduisait dans son petit cercueil ; là, après avoir soufflé son lumignon peu odorant, il commençait à se rafraîchir les poumons en aspirant par petites bouffées, alternativement, l’huile rance et l’eau de cale. Puis sa respiration se faisait plus sonore ; il ronflait, et alors rats et cancrelats de surgir par brigades, divisions et corps d’armée pour danser en rond autour de lui. Telle était la vie journalière du grand explorateur dans son « saladier aquatique » pendant les quelques semaines qui ont fait de lui un grand homme ; il me semble que la différence entre son navire, si confortable, et nos bateaux actuels n’échappe à aucun œil.

À son retour, nous dit l’histoire, le roi d’Espagne, émerveillé, lui dit :

— Ce navire me paraît faire eau quelque peu. Réellement, faisait-il eau tant que cela ?

— Sire, jugez-en. Pendant ma traversée, j’ai vu pomper seize fois tout l’océan Atlantique.

C’est le chiffre donné par le Général Horace Porter. D’autres personnes fort autorisées disent quinze fois seulement.

Il est évident que les contrastes entre ce bateau