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et se crut perdue. Le soir même, ses lèvres enflèrent énormément, et un de ses yeux se boursoufla, sa langue et ses gencives en firent autant, soit que l’appréhension d’avoir reçu du venin dans la bouche, soit que le poison ait impressionné les fibrilles nerveuses du ventricule par l’intermédiaire des mêmes fibrilles de la bouche, cette femme fut prise de vomissements violents. Pour les arrêter, j’ordonnai, dès mon arrivée, un verre de vin d’Espagne chaud et fortement épicé, avec un soupçon de sel d’absinthe, et quelques heures plus tard un bol de thériaque qu’elle rendit aussitôt. Je frictionnai ses lèvres avec une mixture d’huile de scorpion et d’essence de rose ; quant à l’ophtalmie, je me demandais si la chaleur du venin, surchauffé par la flamme de la chandelle avant l’explosion de l’insecte, n’avait pas pu à elle seule, tout autant que le venin lui-même, causer ce désordre. Je veux bien que la deuxième hypothèse se trouve suffisamment confirmée par l’exemple que cite M. Boyle, d’une personne aveuglée par une goutte de venin provenant d’une araignée en vie. Quoi qu’il en soit, en présence de la grande tuméfaction des lèvres et d’autres symptômes qui ne pouvaient être attribués vraisemblablement à une simple