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chise, ce qui souvent est le meilleur moyen ; je leur dis donc :

— Messieurs, je ne cherche pas à vous tromper. Ces billets de chemin de fer, je les ai…

— Ah ! pardon, Monsieur, ce ne sont pas des billets de chemin de fer !

— Comment ! c’est pour cela que vous faites tant d’histoire ?

— Mais parfaitement, Monsieur. Ce sont tout bonnement des billets de loterie, et encore d’une loterie qui a été tirée, il y a deux ans…

J’eus l’air de très bien prendre la chose ; je n’avais que cela à faire, mais ce simulacre de bonne humeur et de gaieté ne mène pas à grand’chose ; on a beau faire le malin, personne ne s’y laisse prendre, et tout le monde vous regarde avec pitié et est rempli de confusion pour vous.

Je ne crois pas qu’il existe au monde une position plus pénible que n’était la mienne : la mort dans l’âme, sous l’impression d’une aussi pitoyable déconfiture, il me fallait faire bonne contenance et laisser croire à une exubérante gaîté pendant que je sentais que mes propres compagnons, ces amis si chers à mon cœur, à l’estime et au respect desquels je tenais tant, que mes compagnons, dis-je, rougissaient de honte devant des étrangers en