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On était au plus beau moment de la grande semaine de réjouissances en l’honneur du six centième anniversaire de l’indépendance suisse et de la signature de la Convention. Toutes les rues étaient pavoisées de drapeaux flottant au vent.

Le cheval et le cocher étaient sur pied depuis trois jours et trois nuits et, pendant tout ce temps-là, n’étaient pas plus rentrés l’un dans son écurie que l’autre dans son lit. Ils avaient l’air piteux et éreintés, mais leur mine cadrait assez avec mon état d’âme. Nous finîmes cependant par arriver. J’entrai, je sonnai, et demandai à une femme de chambre de faire vite descendre mes vieux clients. Elle marmotta quelque chose que je ne compris pas : je redescendis et regagnai ma voiture. Cette fille m’avait peut-être dit que ces gens ne logeaient pas à cet étage, et en homme avisé j’aurais dû monter plus haut et sonner d’étage en étage jusqu’à ce que je les aie trouvés ; dans ces appartements suisses, en effet, quand on veut dénicher les gens qu’on cherche, il faut s’armer de patience et fureter, le nez en avant, à travers les escaliers.

Je fis le calcul que j’aurais un quart d’heure à attendre mes clients, le quart d’heure représentait le temps moralement nécessaire pour les trois opérations suivantes, inévitables en pareil