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en mettant fin d’un seul mot à une situation qui ne pouvait être prolongée sans compromettre la dignité et l’autorité royales. Aussi, les grands dignitaires, en se répétant mentalement ces raisons, se sentaient-ils comme débarrassés d’un grand poids. Leur perplexité avait fait place à un sourire : ils allaient voir et entendre proclamer l’incroyable astuce de ce vilain, si jeune et déjà si pervers, qui ne craignait point de commettre, devant toute la Cour, devant toute l’Angleterre, le plus grand des crimes de lèse-majesté !

Quel ne fut point leur ébahissement lorsque l’enfant inconnu répliqua d’une voix assurée :

— Je vais vous le dire.

Involontairement les grands dignitaires s’étaient rapprochés.

L’enfant, d’un geste simple mais accoutumé à se faire obéir, désignant l’un des hauts barons du royaume, lui commanda :

— Mylord Saint John, allez, je vous prie, dans mon cabinet de travail, un peu au-dessus du parquet, dans l’angle gauche de la pièce presque en face de la porte qui donne accès dans l’antichambre ; vous verrez, fixé dans le mur, un clou à tête de cuivre ; posez le doigt dessus et appuyez ; le mur s’ouvrira soudainement avec violence, vous découvrirez une cachette, et dans cette cachette un coffret. Personne au monde n’a pu connaître la cachette, excepté moi et l’ouvrier qui l’a pratiquée là sur mon ordre et en ma présence, et qui est mort. Ouvrez le coffret, le premier objet que vous trouverez, c’est le grand sceau. Prenez-le et apportez-le ici.

À ce discours net et ferme, la stupeur de l’assemblée avait redoublé. Ce n’étaient pas seulement