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ce n’étaient que gais drapeaux flottant à tous les balcons et sur tous les toits, superbes cortèges marchant processionnellement. La nuit, le spectacle n’était pas moins magnifique : partout, au coin des rues, flambaient de grands feux de joie, et la foule, qui se pressait autour, éclatait en bruyants transports d’allégresse. Dans toute l’Angleterre, il n’y avait qu’une voix pour conter merveille du nouveau-né, de cet Édouard Tudor, qui se nommait aussi le prince de Galles. Quant à lui, emmaillotté dans ses langes de satin et de soie, inconscient de tout ce tapage, il regardait avec de grands yeux, sans y rien comprendre, les beaux seigneurs et les belles dames qui le soignaient, le veillaient ou ne le veillaient pas — ce qui, au reste, lui était égal. Mais personne ne parlait de l’autre bébé, de ce Tom Canty, empaqueté dans ses pauvres guenilles, et si malencontreusement tombé comme une tuile parmi les misérables qui déjà ne s’accommodaient guère à leur sort.