Page:Trueba y Cosío - Gómez Arias, Tome 2, 1829.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
gómez arias.

ses angoisses lui donnant des forces, elle ajouta : — Gómez Arias m’a donc abandonnée au pouvoir des Maures sans essayer de me défendre ?

Roque ne répliqua rien. Alors s’abandonnant au désespoir, elle s’écria d’une voix déchirante : — Il est donc vrai ! votre silence justifie mes craintes !

Ses lèvres étaient agitées par un sourire effrayant, une pâleur mortelle couvrait ses traits, et Roque vit bien qu’il était maintenant impossible de dissimuler à cette infortunée la cruauté de son maître : cependant il tremblait de lui faire connaître toute l’étendue de son malheur, et il redoutait pour elle les conséquences d’un tel aveu, car il savait que pour une femme douée par la nature d’une extrême sensibilité et de nobles sentimens, la mort d’un amant était moins pénible qu’une telle perfidie. D’un autre côté il sentait que les circonstances exigeaient impérieuse-