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gómez arias.

unique au milieu de la masse détestée qui m’entourait et m’accablait, cet être généreux et tendre qui m’était si cher, que pour lui je pardonnais à mes parens le triste don qu’ils m’avaient fait, cet être était une femme ; une femme, hélas ! pour le malheur de tous deux. La nature l’avait douée au physique comme au moral d’une véritable supériorité. Elle m’aimait ; oui, elle aimait sincèrement le malheureux Bermudo, quoique rejeté, banni par la société : elle m’aimait, et avait découvert que sous cet extérieur repoussant, je possédais un cœur capable de ressentir et d’apprécier une vraie passion. Oui, ce cœur désolé n’était pas complètement aride, car les tendres sentimens qu’elle y inculqua y prirent racine, et y fructifièrent aussi vivement que chez un être d’une naissance plus noble. Ô Anselma ! je t’aimais ! et quoique cinq années se soient écoulées depuis notre