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PAROISSE DE CHARLESBOURG

la Louisiane d’abord, puis à Louisbourg où il avait révolté les gens par sa rapacité et sa convoitise. C’était un homme de petite taille, mais bien fait, d’un port agréable, d’une grande bravoure, actif, aimant le faste, les plaisirs et surtout le jeu. Pour trouver les moyens de satisfaire ses passions il était sans scrupule. Le salaire qu’on lui accordait était peu élevé, mais il savait se dédommager en manipulant les deniers du roi. Dans les dernières années de la domination française nos ancêtres passèrent par des temps de malheurs et d’épreuves. Presque toujours sous les armes, ils négligeaient la culture de leurs terres, aussi les choses nécessaires à la vie étaient-elles rares. En 1756 la misère était tellement grande à Québec que les habitants en étaient réduits à quatre onces de pain par jour et à une livre de viande, soit, de bœuf, soit de cheval, ou bien de morue sèche. Encore tout le monde n’en avait point, et il n’était pas rare de voir des gens s’affaisser sur la route exténués de faim. La France avait bien envoyé des secours, mais malheureusement la distribution en était confiée à Bigot. Au lieu de se prodiguer pour soulager la misère du peuple, ce monstre spéculait avec ses confrères